JOURNAL

Quel sera l'impact environnemental du numérique en France en 2050 ?

Marchés publics - Environnement

Fleur Jourdan
LE JOURNAL

"Le lundi 6 mars, l'ARCEP et l'ADEME ont remis au Gouvernement le troisième et dernier volet de leur étude sur l'impact environnemental du numérique en France. Ils anticipent un triplement de l'empreinte carbone du numérique d'ici 2050.

Une première restitution a eu lieu en janvier 2022, sous la forme de deux rapports. Ceux-ci estiment le poids de la consommation de biens et services numériques en France en 2020 à 2.5 % de l'empreinte carbone nationale. Représentant 79 % de l'empreinte du numérique, les terminaux sont les équipements qui y contribuent le plus. En termes de phases, c'est la fabrication qui domine, pesant pour 78 %, contre 21 % pour l'utilisation. Les autorités soulignent l'impact important de ce secteur sur les réserves abiotiques (minéraux et métaux), dont la disponibilité constitue un enjeu stratégique.

Le troisième volet propose une analyse prospective de cet impact et projette différents scénarios.

À horizon 2030, le scénario tendanciel prévoit une augmentation de l'empreinte carbone du numérique d'environ 45 % en 2030 par rapport à 2020. Il anticipe une augmentation de 65 % du nombre d'équipements sur ces 10 mêmes années, en raison de l'essor des objets connectés.

L'un des leviers mobilisables pour atteindre des scénarios alternatifs est l'écoconception des équipements reposant sur une augmentation de la durée de vie des terminaux et une baisse de leurs consommations. Elle permettrait de limiter l'augmentation de l'empreinte carbone du numérique de 20 % et de réduire la consommation électrique finale de 42 %. Toutefois, le levier le plus important est celui de la sobriété numérique. Dans cette hypothèse où l'ensemble des acteurs stabiliserait leur nombre de terminaux au niveau de 2020, y substituerait des terminaux moins consommateurs et adopterait des usages sobres, notamment en matière de flux vidéo, l'empreinte carbone diminuerait de 16 %, la consommation de ressources abiotiques de 30 % et la consommation électrique de l'ordre de 52 % (soit 25 TWh) par rapport à 2020.

À horizon 2050, l'empreinte carbone pourrait tripler par rapport à 2020 selon le scénario tendanciel. La consommation électrique augmenterait quant à elle d'environ 80 % pour atteindre 93 TWh (dont 39 TWh dus aux centres de données).

Les quatre scénarios alternatifs de l'étude s'appuient sur les modèles de société conçus par l'ADEME pour atteindre la neutralité carbone. Leur impact varie grandement. Ainsi, le « Pari réparateur », qui maximise l'utilisation du numérique pour la décarbonation d'autres secteurs, quintuplerait l'empreinte carbone du numérique et triplerait la consommation électrique. À l’inverse, le scénario « Génération frugale » diviserait par deux cet impact par rapport à 2020 et baisserait la consommation électrique de plus de 75 %.

Aussi, l'ADEME et l'ARCEP préconisent-ils de mobiliser l'ensemble des leviers disponibles – à commencer par la sobriété, l'éco-conception et l'économie circulaire – et de faire du numérique un levier de la transition en s'assurant qu'il s'intègre dans une trajectoire compatible de réduction de son empreinte environnementale."

"Quel sera l'impact environnemental du numérique en France en 2050 ? - Repère par Fleur JOURDAN" Source Lexis 360 Intelligence - Revues - Communication - Commerce électronique n° 4 du 1er avril 2023 - Numérique - Quel sera l'impact environnemental du numérique en France en 2050 ? - Repère par Fleur JOURDAN -